Kant, La critique de la raison pure

KANT ,LA CRITIQUE DE LA RAISON PURE



           La critique de la raison pure est un examen du pouvoir de la raison. Kant détermine les limites de toute connaissance possible et pose donc la question : « que puis-je savoir ? ». La compréhension du projet kantien suppose la distinction entre la limite et la borne. En effet, Kant ne s'interroge pas sur les bornes de la connaissance scientifique du 18ème siècle. La borne de nos connaissances désigne son étendue à une époque donnée. Par exemple, au 18ème et au 19ème siècle, on ne connaissait pas encore l'énergie atomique.Les découvertes scientifiques du 20ème siècle ont ainsi repoussé les bornes de la connaissance humaine et les bornes actuelles de la connaissance sont par nature destinées à être dépassées demain. Dans La critique de la raison pure, Kant ne recherche pas les bornes mais les limites de la connaissance possible, autrement dit, qu'est-ce qu'on ne pourra jamais connaître même dans les siècles à venir ? La réponse à cette question présuppose la définition de la connaissance. Kant distingue penser et connaître. Penser désigne l'usage théorique de notre entendement défini comme la faculté permettant de forger des concepts et de les relier logiquement. La connaissance nécessite non seulement l'usage théorique de notre raison et de notre entendement, mais aussi l'expérience et la sensibilité. Par conséquent, tout ce qui ne peut pas faire l'objet d'une expérience sera nécessairement inconnaissable. Kant exclut donc la métaphysique du domaine de la connaissance puisque comme son étymologie l'indique (meta « au delà », phusis « nature ») elle se situe au delà de toute expérience possible. On peut certes penser Dieu, l'immortalité de l'âme ou la liberté, mais on ne pourra jamais en avoir la connaissance à défaut d'expérience. Une telle approche est révolutionnaire puisqu'elle permet de mettre un terme à des débats métaphysiques interminables. Il en examine trois. Le premier débat classique concerne l'existence de dieu. Y a t-il un être inconditionné première cause de tout ce qui existe ou bien la nature n'est-elle qu'un ensemble de lois permettant l'enchainement à l'infini des causes et des effets ? Les limites de la connaissance possible posées par Kant renvoient les croyants et les athées dos à dos. De part et d'autre il y avait de nombreux arguments en faveur de l'existence de Dieu ou en faveur de son inexistence. Malgré leur opposition les deux camps souscrivent à la même idée selon laquelle il est possible de parvenir à une connaissance de l'existence de Dieu ou de son inexistence. Or c'est précisément ce que Kant récuse. Il est impossible d'obtenir une connaissance de Dieu puisqu'il n'est pas un objet d'expérience. La raison atteint donc ses limites dans le domaine métaphysique. C'est la raison pour laquelle Kant affirme : « j 'ai aboli le savoir pour laisser place à la croyance ». La foi est légitime dans le domaine métaphysique puisqu'on ne peut pas tout savoir. Le second débat opposait le spiritualisme affirmant l'immortalité de l'âme et le matérialisme pour qui la mort du corps est la fin de notre existence. Le troisième débat oppose les partisans du déterminisme pour qui la liberté est une illusion et les partisans du libre arbitre pour qui l'homme se caractérise par sa volonté libre lui donnant la capacité de s 'opposer à tous les déterminismes. Comme pour l'existence de Dieu, Kant renvoie dos à dos ses adversaires en montrant que ces questions métaphysiques sont sans fin puisqu'elles ne peuvent pas faire l'objet d'une expérience. Encore une fois la raison parvient à ses limites et ne peut que laisser place à la croyance. Cependant, toutes les croyances ont-elles la même valeur pratique ? L'existence de dieu ou son inexistence sont indécidables au point de vue théorique, cependant, qu'en est-il au niveau pratique ? Etant donné que la raison est par nature quête de l'absolu et de l'inconditionné, étant donné qu'elle recherche toujours les causes des phénomènes, alors elle peut éprouver une plus grande satisfaction dans l'hypothèse d'un Dieu comme première cause du monde. Kant présente ce débat sous la forme d'une opposition de deux thèses contradictoires qu'il appelle « antinomie » : soit la série des causes est infinie soit il y a une cause première à l'origine du monde. La première hypothèse est celle du matérialisme affirmant que chaque phénomène est conditionné par une ou plusieurs causes elles-mêmes conditionnées par d'autres causes ainsi de suite à l'infini. La deuxième hypothèse pose l'existence d'un être nécessaire, cause suprême et première de l'ensemble de ce qui existe : Dieu. Certes, on ne pourra jamais départager ces deux hypothèses, cependant l'hypothèse de l'existence de Dieu présente un intérêt pratique pour notre raison puisqu'elle satisfait son besoin de trouver une cause suprême et absolue. La Foi est donc non seulement légitime puisqu'on ne peut pas prouver l'inexistence de Dieu, mais en plus elle est compatible avec notre raison. On peut donc dire que Kant réhabilite de manière pratique ce qu'il rejette théoriquement. Dieu n'est pas un objet de connaissance mais il s'agit d'une croyance rationnelle, de même la croyance en l'immortalité de l'âme fonde de manière légitime notre espérance en une vie future et l'hypothèse de la volonté libre fonde la responsabilité. Par conséquent, les trois objets traditionnels de la métaphysique sont inconnaissables mais ils présentent un intérêt pratique les justifiant légitimement.


TH

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