INTRODUCTION Est-il absurde de désirer l'impossible?

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        Dans Les Vieilles de Goya, on peut apercevoir une vieille coquette décharnée en train de se regarder dans un miroir où il est marqué « Que tal ? » qui signifie en espagnol “comment ça va ?” Ou plutôt, dans le contexte de la toile, “comment me trouves-tu ?” Le peintre dénonce ici avec une ironie mordante le désir vain de lutter avec le temps. La vieillesse et la mort sont notre lot quotidien et par conséquent vouloir y échapper n'est qu'un désir impossible nous condamnant à une frustration éternelle. C'est la raison pour laquelle il faudrait renoncer à ce genre de désir. Pourtant, l'histoire des sciences ne montre t-elle pas que l'impossible d'hier peut devenir possible aujourd'hui ? Le désir de voler ,par exemple, a toujours été considéré comme un doux rêve impossible illustrée notamment par le mythe d'Icare. Cependant, on peut constater aujourd'hui avec les progrès de l'aviation ou de l'aérospatial que ce rêve est devenu réalité. Dès lors, le désir impossible n'est-il pas la condition du progrès humain ? Est-il alors toujours absurde de désirer l'impossible ? L'ambiguité du sujet réside dans la définition du terme « impossible ». De fait, si le possible peut se définir par ce qu'on peut faire, alors l'impossible désignerait ce qu'on ne peut pas faire. Or, parmi ce qu'on ne peut pas faire, nous pouvons distinguer ce qui est impossible par principe comme par exemple un cercle carré et ce qu'on ne peut pas faire actuellement, mais qui n'est pas exclu dans l'avenir. Nous pouvons ainsi affirmer qu'il n'est pas possible de marcher sur la planète Mars à l'heure actuelle tout en admettant cette possibilité dans un avenir proche. La question de l'absurdité du désir impossible dépend ainsi de la distinction entre un impossible logique toujours absurde par principe et d'un impossible chronologique qui n'est plus nécessairement absurde avec le recul du temps. En quel sens est-il ainsi déraisonnable et irrationnel de désirer l'impossible ? Pourquoi un tel désir peut-il néanmoins être dicté, de manière paradoxale, par notre raison?A quel moment faut-il désirer l'impossible ? Quand faut-il y renoncer ? Nous verrons ,dans un premier temps, que si le caractère irrationnel et déraisonnable du désir impossible est souvent condamnable, il n'est en revanche pas nécessairement absurde et ,peut-être, est-il même la marque de notre humanité et la condition paradoxale de notre bonheur.

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