Cours de philosophie politique
La
Politique
I/
Transition religion/politique :
Marcel
Gauchet montre que la distinction entre les sociétés
traditionnelles et les sociétés modernes réside dans leur rapport
à la religion. Les premières ont un fondement religieux qui
légitime l'autorité politique en place. La structure sociale et
politique a été instaurée par les dieux (ref : Égypte), il
convient donc de perpétuer l'ordre existant ad vitam eternam. Aller
à l'encontre des lois et de l’État, c'est aller contre l'ordre
cosmique et les dieux eux-mêmes. Cela montre bien la dimension
politique indéniable de la religion : elle est chargée
d'assurer la stabilité politico-sociale. Mais si la religion est
toujours présente dans nos sociétés, force est de constater
qu'elle ne joue plus le rôle de fondement. Marcel Gauchet montre que
le propre de l’État moderne, c'est de se fonder non plus sur
l'autorité divine mais sur la raison humaine. C'est la raison pour
laquelle l’État moderne est en perpétuelle évolution. De fait,
il ne s'agit plus de perpétuer l'ordre ancestral mais de trouver par
la réflexion le meilleur système possible. Une telle réflexion
rationnelle sur l'essence du politique était déjà présente dans
la philosophie antique, elle a été inaugurée de manière
magistrale par La République de Platon.
II/
La cité idéale chez Platon :
Afin
de montrer ce qu'est la justice dans l'âme, Platon utilise le modèle
plus général de la cité puisqu'il est plus facile de saisir
l'essence de la justice dans la cité plutôt que dans l'âme. Cette
comparaison établit donc une analogie entre l'ordre des différentes
parties de l'âme et l'ordre politique. La cité idéale de Platon
n'est pas une utopie dans le sens où il ne s'agit pas de concevoir
une cité imaginaire mais une cité possible. C'est pourquoi Platon
justifie par la raison chacune des étapes de l'élaboration de cette
cité. L'auteur de la République ne se contente donc pas de décrire
l'état final de son modèle politique, il analyse plutôt son
engendrement rationnel.
1/
L'association politique se justifie par l'impossibilité d'assouvir
seuls nos besoins. On peut en dénombrer quatre : se nourrir, se
loger, se vêtir et se chausser. On ne peut survivre sans satisfaire
ces quatre besoins (se chausser est une nécessité en hiver). Dès
lors, au lieu de satisfaire seul ses besoins, il est préférable de
s'associer aux autres. La division sociale du travail est donc le
fondement de la société et elle se justifie par son efficacité. En
effet, nous n'avons pas tous les mêmes aptitudes naturelles ni les
mêmes compétences. Mieux vaut profiter du savoir faire d'autrui et
lui faire profiter de nos talents, plutôt que mener plusieurs
ouvrages de nature différente. L'excellence se constitue en se
consacrant à une tâche unique. Le cordonnier devra donc faire
uniquement des chaussures et il devra perfectionner son art pour le
bénéfice de l'ensemble ; le maçon, l'agriculteur ou le
tisserand feront de même.
2/
Cependant, si on veut être réaliste, il ne faut pas partir du
principe que notre cité aura toutes les ressources nécessaires pour
subvenir à ses besoins. Il faudra donc obtenir ce qui nous manque
par des échanges. Cette nécessité a plusieurs conséquences :
tout d'abord, il faudra instaurer la monnaie pour faciliter les
échanges, il faudra aussi créer de nouveaux métiers : les
constructeurs de navires, des marins, des capitaines et des
marchands. Ces derniers ne produisent rien mais se contentent d'acheter
et de vendre. Par conséquent, le nombre d'habitant de la cité
augmentera puisqu'il faudra davantage de maçons,de tisserands,de
cordonniers et d'agriculteurs pour satisfaire les besoins de tout le
monde. Cette cité se limite donc au nécessaire et elle ne vise pas
le superflu. Tel est la cité idéale où les individus ne tombent
pas dans la démesure des désirs. Ils vivent heureux dans un
communisme primitif où ils se contentent de peu.
3/
Pourtant, la plupart des gens ne pourront pas se contenter d'une
telle simplicité puisqu'ils désirent non seulement se loger mais
aussi avoir une belle demeure, ils désirent de beaux vêtements et
des parures de luxe, ils veulent des divertissements comme ceux
qu'offre le théâtre : par conséquent, étant donné qu'on ne
se contente pas du nécessaire mais qu'on recherche le luxe superflu,
nous sombrerons petit à petit dans l'hubris. Platon examine les
conséquences désastreuses du désir de luxe guidé par le thumos
(désir de reconnaissance) et l'epithumia (désir de jouissance).
4/
La première conséquence c'est la surpopulation engendrée par de
tels désirs. Il faudra de fait engager des artistes pour divertir le
peuple, des bijoutiers pour créer des parures, des coiffeurs, des
teinturiers, etc... ces personnes ne produisent rien de nécessaire
et donc elles volent le fruit du travail des autres métiers. On
devra donc encore augmenter le nombre de maçon et d'agriculteur pour
nourrir et loger tous ces parasites. Le problème c'est que les
terres et les ressources manqueront, d'où la nécessité de la
guerre pour agrandir son territoire et s'approprier les biens
d'autrui. Pour Platon la cause de la guerre est donc l'hubris du
désir de luxe.
5/
Si la guerre devient une nécessité pour s'emparer du bien d'autrui
ou même pour protéger nos biens, il faudra donc constituer une
armée qui sera la gardienne de notre cité. Comment recruter ces
gardiens ? Il faudra choisir les personnes les plus robustes et
courageuses puisqu'elles devront affronter les ennemis. Le danger
d'une telle armée c'est qu'elle risque de se retourner contre le
peuple qu'elle est censée protéger et de l'asservir puisqu'elle
réunit les membres les plus forts. Comment empêcher une telle
dérive ? Pour répondre à cette question, Platon fait une
analogie entre le gardien et le chien. Le mauvais chien mord son
maître et fuit face à l'ennemi, le bon chien de garde est doux avec
son maître et violent avec l'ennemi. C'est l'éducation qui
permettra de parvenir à cet objectif. Par analogie, pour éviter que
les gardiens se retournent contre la cité, il faudra les éduquer.
En quoi consiste cette éducation ?
6/
Il faudra commencer cette éducation dès l'enfance en sélectionnant
les enfants les plus doués et les plus robustes. L'éducation doit
être complète en développant les aptitudes physiques mais aussi
intellectuelles et artistiques. Les futurs gardiens devront se
consacrer aux mathématiques pour développer leur sens de
l'abstraction. Les meilleurs pourront faire de la philosophie en
étudiant le raisonnement dialectique (cad l'examen des arguments par
le dialogue) et le plus doué devra exercer le pouvoir politique. Si
le philosophe doit être au pouvoir c'est parce qu'il est maître de
lui même, il a soumis la partie irrationnelle de son âme (thumos et
epithumia) à la partie rationnelle de l'âme. Il ne sera pas aveuglé
par son désir de puissance et de gloire ni par son désir de
jouissance, mais il sera uniquement guidé par sa raison et choisira
ce qui est bien pour l'ensemble de la cité.
C/C :
La République de Platon a inauguré la tradition de la philosophie
politique de l'antiquité et a associé de manière nécessaire la
morale et la politique. Le souverain doit être bon afin de rendre le
peuple juste et bon. Même si les hommes ne sont pas naturellement
enclin à faire le bien, il est possible et même souhaitable de
changer leur nature par l'éducation. Cet idéal de justice est
certes louable, mais est-il pour autant réaliste ? Si les
hommes sont naturellement égoïstes et méchants, est-il possible de
changer leur nature ? Si ce n'est pas possible, en quoi consiste
donc la tâche du politique ?
III/
Machiavel et la rupture avec la tradition de la philosophie
politique :
Machiavel
élabore une double rupture anthropologique et politique avec la
tradition philosophique. Il part du principe selon lequel l'homme est
par nature méchant, égoïste et intéressé. Il est donc gouverné
par ses passions et non par sa raison. C'est la raison pour laquelle
le souverain ne peut suivre constamment les principes de la morale,
le mal est donc quelques fois une nécessité. Machiavel montre ainsi
que le domaine de la politique doit être clairement distingué de
celui de la morale. Machiavel dessine les contours de ce qu'on
appelle aujourd'hui la « real politik »,cad une approche
pragmatique et réaliste (et non idéaliste) de la politique. Telle
est la question centrale du Prince : comment obtenir et
conserver le pouvoir ? Il ne s'agit plus de rendre les hommes
justes et bons pour assurer la paix et la cohésion sociale, mais il
faut les soumettre à notre autorité par la force et la ruse.
A/
Le Prince : chapitres 15,16,17,18,25
1/
Le chapitre 15
Avant
ce chapitre Machiavel a examiné la question de la guerre(contre qui
faut-il la faire?) et des alliances (avec qui contracter une
alliance ?). Il s'agissait donc du rapport entre le souverain et
les autres États. A partir du chapitre 15, l'auteur analyse la
manière de gouverner son peuple.
1 :
« il reste à examiner comment un prince doit en user et se
conduire soit envers ses sujets, soit envers ses amis ».
Problème :
Que Machiavel examine la manière dont un souverain doit se comporter
avec le peuple cela ne pose aucun problème, mais pourquoi un traité
politique doit-il aussi traiter la question de l'amitié ?
L'amitié ne relève t-elle pas du domaine privé ? La
distinction entre les sujets et les amis présuppose soit que ces
derniers ne sont pas des sujets soumis à l'autorité du prince (qui
sont-ils alors?) soit qu'ils sont des sujets particuliers (en quoi
réside alors leur particularité). La difficulté de ce passage
tient à l’ambiguïté du terme ami. Que peut-il signifier ?
Première
hypothèse : L'ami désigne celui qui est proche du
souverain. Cette proximité pourrait avoir une dimension politique
pour deux raisons.Elle représente tout d'abord un danger potentiel.
De fait, les trahison en politique viennent surtout de ceux qui sont
proches du pouvoir. On ne peut donc accorder sa confiance à
personne, il faut toujours rester sur ses gardes. Cette proximité
peut aussi poser un problème dans la distribution des richesses car
nous pouvons avoir tendance à favoriser nos amis, ce qui peut
attiser la jalousie et la haine. La sagesse politique consisterait
alors à privilégier l'intérêt général sur les intérêts
particuliers.
Deuxième
hypothèse : L'ami ici n'a aucune connotation privée mais
désigne les relations du souverain. Cette hypothèse se justifie par
le texte puisque Machiavel considère l'amitié non pas d'un point de
vue désintéressé mais utilitaire (« comment un prince doit
en user et se conduire »). L'amitié désigne donc non pas les
affinités mais les alliances permettant d'obtenir et de conserver le
pouvoir. De telles amitiés reposent avant tout sur l'intérêt
commun. Les amis du souverain doivent donc faire partie des puissants
du royaume, d'où la dimension éminemment politique de telles
relations. Si la puissance de mes amis peuvent me permettre d'accéder
au pouvoir, en revanche ils peuvent aussi comploter contre moi et
prendre ma place. C'est la raison pour laquelle il faut savoir manier
avec soin le jeu des alliances. Même si notre première hypothèse
n'est pas dénuée de sens, cette deuxième hypothèse est préférable
puisqu'elle est plus conforme à la lettre et à l'esprit de l'auteur
du Prince. Pourquoi examiner une telle question ? Étant donné
qu'elle a été traitée par tous les penseurs de la tradition, elle
risque d'ennuyer le lecteur. La légitimité d'une telle
interrogation doit donc être justifiée.
2:
« Tant d'écrivains en ont parlé, que peut-être on me taxera
de présomption si j'en parle encore ; d'autant plus qu'en
traitant cette matière je vais m'écarter de la route commune. »
Machiavel
peut paraître présomptueux pour trois raisons :a/ son sujet
n'est pas original toute la tradition de la philosophie politique en
a traité, écrire sur le même sujet c'est prétendre se mettre au
même niveau que Platon,Aristote ou Cicéron et ainsi affirmer avoir
quelque chose de nouveau à proposer ; b/ Machiavel ne se
contente pas de se hisser au même niveau que ses prédécesseurs
mais il se place au dessus d'eux en prétendant invalider leurs
thèses;c/ Il peut aussi paraître présomptueux de donner des
conseils au souverain, une telle démarche place le prince dans une
position d'infériorité en matière de connaissance.Le risque de la
présomption, c'est de susciter l'agacement du lecteur. Machiavel
prévoit la possibilité de cet agacement en examinant d'emblée
cette objection de présomption. Comment va t-il la surmonter ?
3 : « Mais
dans le dessein que j'ai d'écrire des choses utiles pour celui qui
me lira, il m'a paru qu'il valait mieux m'arrêter à la réalité
des choses que de me livrer à certaines spéculations. »
La
compréhension des enjeux de ce passage nécessite l'analyse du
contexte historique présidant à la rédaction du Prince. En 1494,
le roi de France Charles VIII provoque la chute des Médicis et le
rétablissement de la république de Florence qui sera l'employeur de
Machiavel. Mais en 1511 le pape Jules II s'allie à l'Espagne, aux
suisses et à Venise pour récupérer l'Italie. Quand les Médicis
reviennent au pouvoir, ils se débarrassent de Pier Soderini, le chef
de la république florentine, alliée traditionnelle de la France, et
de son conseiller politique machiavel. Afin de sortir de son exil
politique, Machiavel rédige Le Prince (en 1513) pour s'attirer les
faveurs des Médicis et retrouver par la même occasion un poste
politique. Il ne s'agit donc pas d'un ouvrage purement théorique,
mais d'une œuvre destinée à séduire la famille régnante. Il est
donc intéressant d'examiner dans le commentaire de l’œuvre les
stratégies visant l'objectif de Machiavel. Comment essaye t-il de
séduire les Médicis ?
Il
se place d'emblée sur le terrain de la réalité du pouvoir et donc
du pragmatisme. Loin d'être une spéculation philosophique, Le
Prince se veut être un ouvrage pratique,concis et utile de manière
immédiate. Le souverain n'a pas le temps de lire et n'a que faire
des théories philosophiques abstraites, d'où la forme condensée de
l'ouvrage. Pour enfoncer encore le clou, Machiavel montre l'intérêt
de lire son ouvrage plutôt qu'un autre par une gradation des
conséquences possibles et fâcheuses de l'ignorance de
l'enseignement prodigué par son livre.
4:
« Bien des gens ont imaginé des républiques et des
principautés telles qu'on n'en a jamais vu ni connu. Mais à quoi
servent ces imaginations ? Il y a si loin de la manière dont on
vit à celle dont on devrait vivre, qu'en n'étudiant que cette
dernière on apprend plutôt à se ruiner qu'à se conserver ;
et celui qui veut en tout et partout se montrer homme de bien ne peut
manquer de périr au milieu de tant de méchants. »
Machiavel
se distingue de la tradition philosophique inaugurée par Platon par
sa méthode et sa finalité. Alors que dans La République, Platon
imagine et justifie par le raisonnement le modèle de la cité
idéale, Machiavel s'appuie sur des exemples historiques. Autrement
dit, pour le florentin on peut tirer des leçons de l'Histoire. En
politique, la vérité vient de l'expérience et non du raisonnement
abstrait. Il justifie son approche réaliste en discréditant
l'approche idéaliste par l'examen des deux conséquences négatives
qui en découlent: suivre les idéaux en politique c'est non
seulement courir le risque de perdre le pouvoir mais cette perte
entraîne également celle de notre vie même. Voici l'alternative
présentée par Machiavel : soit tu suis mes conseils soit tu
perds le pouvoir et tu meurs. Il n'essaye pas de convaincre,pour
l'instant, par des arguments rationnels mais il essaye de persuader
le lecteur de le lire en jouant sur ses sentiments, notamment le plus
puissant d'entre eux : la peur. Il se distingue de Platon aussi
par la finalité qu'il donne du pouvoir politique. Le but n'est pas
d'être bon et de mener le peuple vers l'idéal du Bien, mais de
conserver le pouvoir et sa vie. Il discrédite cet idéal platonicien
et antique par un argument d'ordre anthropologique : étant
donné que la plupart des hommes sont méchants, on ne peut pas
suivre en toute occasion les principes du Bien sous peine de perdre
sa vie.
5:
« Il faut donc qu'un prince qui veut se maintenir apprenne à
ne pas être toujours bon, et en user bien ou mal, selon la
nécessité ».
On
peut tirer trois leçons de cette conclusion. La première leçon,
c'est que le mal est nécessaire en politique. Il est naïf et
dangereux de suivre constamment les principes de la morale. Deuxième
leçon : faire le mal est un art que l'on peut apprendre. Il ne
faut pas faire le mal sans raison et de manière démesurée et
aveugle. Machiavel renverse ici la tradition du miroir des princes
qui enjoignait le prince, par des récits héroïques, à suivre la
voie du bien,de l'honnêteté et du courage. On ne doit pas apprendre
à faire le bien, mais surtout à faire le mal : art infiniment
plus délicat. Troisième leçon : il n'y a pas de principe
absolu en politique, le souverain doit toujours s'adapter aux
circonstances. Il ne faut pas toujours faire le bien ni toujours
faire le mal. Seules les nécessités du moment doivent dicter notre
conduite. Machiavel suggère implicitement qu'il est nécessaire de
s'entourer de conseillers politiques habiles et expérimentés pour
saisir les opportunités qui se présentent de manière adéquate. Il
développera ses analyses par l'examen du couple fortuna/ virtu dans
le chapitre 25. Si Machiavel a raison, alors il faut réévaluer
l'ensemble des distinctions élaborées par la tradition
politico-morale de ses prédécesseurs.
6 :
« Laissant, par conséquent, tout ce qu'on a pu
imaginer touchant les devoirs des princes et m'en tenant à la
réalité, je dis qu'on attribue à tous les hommes, quand on en
parle, et surtout aux princes, qui sont plus en vue, quelqu'une des
qualités suivantes, qu'on cite comme un trait caractéristique, et
pour laquelle on les loue ou on les blâme. Ainsi l'un est réputé
généreux et un autre misérable (je me sers ici d'une expression
toscane, car, dans notre langue, l'avare est celui qui est avide et
enclin à la rapine et nous appelons misérable (misero) celui qui
s'abstient trop d'user de son bien); l'un est bienfaisant, et un
autre avide; l'un cruel, et un autre compatissant; l'un sans foi et
un autre fidèle à sa parole; l'un efféminé et craintif, un autre
ferme et courageux; l'un débonnaire, et un autre orgueilleux; l'un
dissolu, et un autre chaste ; l'un franc, et un autre rusé; l'un
dur, et un autre facile ; l'un grave, et un autre léger; l'un
religieux, et un autre incrédule, etc. »
Dans ce passage il énonce
une série d'oppositions entre des vertus et des vices. La finalité
d'une telle énumération c'est de montrer qu'une qualité morale
peut-être un défaut en politique et inversement un défaut en
morale peut-être une qualité en politique. Par conséquent, il ne
faut pas confondre les sphères de la politique et de la morale,
confusion inaugurée par le platonisme et perpétuée par le
stoïcisme ou même le christianisme. A quelle condition un vice
est-il nécessaire ?
7: « Il serait très
beau, sans doute, et chacun en conviendra, que toutes les bonnes
qualités que je viens d'énoncer se trouvassent réunies dans un
prince. Mais comme cela n'est guère possible, et que la condition
humaine ne le comporte point, il faut qu'il ait au moins la prudence
de fuir ces vices honteux qui lui feraient perdre ses États. Quant
aux autres vices, je lui conseille de s'en préserver, s'il le peut;
mais s'il ne le peut pas, il n'y aura pas un grand inconvénient à
ce qu'il s'y laisse aller avec moins de retenue; il ne doit pas même
craindre d'encourir l'imputation de certains défauts, sans lesquels
il lui serait difficile de se maintenir; car, à bien examiner les
choses, on trouve que, comme il y a certaines qualités qui semblent
être des vertus et qui feraient la ruine du prince, de même il en
est d'autres qui paraissent être des vices, et dont peuvent résulter
néanmoins sa conservation et son bien-être. »
Machiavel établit une
tripartition des vices. Il y a tout d'abord les vices nuisibles,
autrement dit ceux qui conduisent à la perte du pouvoir, il y a
ensuite les vices possibles,cad qui sont compatibles avec l'exercice
du pouvoir et enfin les vices nécessaires à l'acquisition du
pouvoir. Le critère de distinction ne réside pas ici dans leur
degré d'immoralité mais dans leur efficacité concernant la
conquête et la conservation du pouvoir. Encore une fois, l'approche
de Machiavel n'est pas morale mais pragmatique.
Si certains vices sont
nécessaires à l'exercice du pouvoir et certaines vertus sont
nuisibles, alors on ne peut se passer de leur examen détaillé.
C'est la raison pour laquelle Machiavel étudie dans les chapitres
suivants les vices nécessaires en politique en inversant le rapport
traditionnel entre vice et vertu.
2/ Le chapitre 16: la
libéralité et l'avarice
Thèse :
l'avarice est un vice nécessaire. Machiavel s'oppose ici au traité
des devoirs de Cicéron : « 1,14] XIV. -
Parlons maintenant de la bienfaisance et de la libéralité : rien ne
s'accorde mieux avec la nature humaine, mais il y faut des
précautions. Il faut veiller d'abord à ce que notre bienfaisance ne
nuise pas à ceux même qui en sont l'objet, non plus qu'aux tiers
et, en second lieu, il ne faut pas, par bonté, aller au-delà de ses
ressources, enfin il faut donner à chacun selon ce qu'il mérite;
car c'est là le principe de justice auquel il faut toujours revenir.
Ceux qui font des largesses nuisibles à la personne qu'ils semblent
vouloir servir ne sont ni bienfaisants ni libéraux, on doit les
tenir pour des complaisants dangereux. Ceux qui font tort aux uns
pour se montrer généreux envers les autres sont aussi coupables
d'injustice que s'ils s'appropriaient le bien d'autrui. Il y a en
effet beaucoup de gens qui, avides d'éclat et de gloriole, prennent
aux uns pour faire largesse aux autres; ils se figurent qu'ils feront
du bien à leurs amis en les enrichissant par n'importe quelle
méthode. Mais cela est tellement contraire à la saine morale que
rien ne peut lui être plus opposé. »
Premier paragraphe :
Machiavel distingue l'être et le paraître. Être libéral, par
exemple, ce n'est pas forcément en avoir la réputation. De fait,
nous pouvons être libéral avec sagesse, cad sans démesure. Dans
cette voie de parcimonie, prônée par Cicéron, non seulement on ne
verra pas notre générosité mais en plus on pourrait même nous
taxer d'avarice. Étant donné qu'en politique le paraître l'emporte
sur l'être, si on veut être réputé libéral il faut le faire de
manière démesurée. Mais une telle démesure est-elle souhaitable ?
Deuxième paragraphe :
il discrédite la libéralité par un raisonnement logique montrant
paradoxalement que la recherche de la libéralité conduit à la
réputation de l'avarice. En effet, si on dépense de manière
libérale, le trésor du royaume va diminuer. Or, il est nécessaire
d'avoir de l'argent pour faire de grands travaux ou la guerre. Dès
lors, le souverain sera obligé suite à ses libéralités
d'augmenter les impôts, ce qui nécessairement entraînera le
mécontentement du peuple et la réputation d'être avare. Ainsi,
rechercher la réputation de libéralité conduira paradoxalement à
la réputation inverse. La réciproque est-elle vraie ? Est-ce
que l'avarice pourrait conduire paradoxalement à la réputation de
libéralité ?
Troisième paragraphe :
Machiavel répond par l'affirmative. En effet, si le souverain
économise le trésor du royaume, il ne sera pas obligé d'augmenter
les impôts quand les guerres ou les grands travaux seront
nécessaires. Le peuple sera agréablement surpris et félicitera la
sagesse du prince et ira même jusqu'à le considérer comme
quelqu'un de libéral.
Quatrième paragraphe :
Il confirme ce raisonnement logique par un argument historique. Tous
les princes qui ont connu la gloire étaient avares. Par exemple, le
pape Jules II ou le roi d'Espagne n'auraient pas pu gagner la guerre
sans leur souci constant d'économie. La non augmentation des impôts
a entraîné le soutien du peuple.
Cinquième paragraphe :
conclusion : l'avarice est un vice nécessaire pour gouverner.
Sixième paragraphe :
1ère objection historique : César a connu la gloire et
pourtant il a été libéral. Machiavel résout cette objection par
une distinction : « ou vous êtes déjà effectivement
prince, ou vous êtes en voie de le devenir ». Pour obtenir le
pouvoir on doit faire alliance et donc il faut avoir la réputation
de libéralité pour avoir le soutien intéressé de nos partisans.
C'est de cette manière que César a obtenu le pouvoir. Par contre,
une fois en place, pour les raisons données précédemment, il faut
être économe. César n'a pas vécu assez longtemps et donc ne
saurait constituer une objection.
Septième paragraphe :
2ème objection historique : certains princes ont régné
pendant longtemps tout en étant libéraux. Machiavel résout cette
objection par une nouvelle distinction : « le prince
dépense ou de son propre bien et de celui de ses sujets, ou du bien
d'autrui ». La libéralité est une nécessité lors d'une
guerre puisqu'il faut motiver les troupes par le désir de gloire, de
pouvoir, de richesse et de jouissance. Les hommes ne sont pas menés
par leur raison mais par leurs passions. C'est ce qui explique les
conquêtes de César, Cyrus et Alexandre. Ils n'ont pas dépensé les
biens de leur royaume mais celui des pays conquis.
Conclusion :
Même si l'avarice entraîne le mépris provisoire du peuple, elle
est préférable à la libéralité puisque cette dernière conduit à
la haine et donc à la révolution puisque le prince s'empare du bien
de ses sujets par manque de prévoyance. La réputation de libéralité
n'est souhaitable que pour celui qui désire s'emparer du pouvoir ou
conquérir d'autres États.
3/ Le chapitre 17 :
de la cruauté et de la clémence
Thèse : La
cruauté et la crainte sont préférables à la clémence et l'amour.
Paragraphe 1 :
Argument historique : César Borgia était cruel, mais il a
permis d'assurer l'unité et la sécurité de la Romagne. Le peuple
florentin par un excès de clémence laissa détruire la ville de
Pistoia. Par conséquent, nouveau paradoxe politique, la cruauté
mène à la clémence et vice et versa celle-ci mène à la cruauté.
Comment expliquer ce renversement dialectique ?
Paragraphe 2 :
La cruauté permet de contenir la violence particulière des sujets
par la peur. La paix ne repose donc pas sur l'amour et la
bienveillance mutuelle mais sur la peur suscitée par la cruauté du
pouvoir en place. Selon un principe utilitariste, mieux vaut tuer ou
torturer quelques individus plutôt que laisser le désordre
s'installer : 10 morts par exemple valent mieux qu'un millier de
mort. C'est la raison pour laquelle, paradoxalement, la clémence est
plus dangereuse que la cruauté. La violence n'est plus centralisée
par le pouvoir en place, mais s'exerce de manière individuelle et
diffuse. La guerre civile est pire que le massacre quelques fois
injuste de quelques individus.
Paragraphe 3 :
A partir de ces principes généraux Machiavel tire une conséquence
plus particulière, adaptée à la situation de son lecteur qui est
destiné à occuper le poste de souverain. N'oublions pas que Le
Prince est une sorte « d'opération séduction ». En
s'appuyant sur une citation de Virgile il montre que la cruauté est
encore plus nécessaire pour un nouveau prince puisque dans sa
situation « les dangers sont très multipliés ». En
effet, la transition du pouvoir créé un moment de flottement qui
peut être exploité par les adversaires du souverain se trouvant à
l'intérieur ou à l'extérieur du royaume. Le nouveau prince n'a pas
encore le respect du peuple et de ses troupes. Le respect ne vient
pas de la sympathie mais de la force qui effraie. Montrer sa force
par la cruauté est donc une nécessité pour exercer correctement le
pouvoir.
Paragraphe 4 :
Cependant, la violence ne doit pas être exercée de manière
aveugle : « Il doit toutefois ne croire et n'agir qu'avec
une grande maturité, ne point s'effrayer lui-même, et suivre en
tout les conseils de la prudence, tempérés par ceux de l'humanité ;
en sorte qu'il ne soit point imprévoyant par trop de confiance, et
qu'une défiance excessive ne le rende point intolérable. »
Encore une fois, il n'y a
pas de principe absolu en politique, tout est une affaire de tact. Or
cette habileté s'acquiert par l'expérience (« la maturité »)
mais comme par définition le nouveau prince n'a pas d'expérience,
il doit donc s'entourer de conseillers expérimentés. Il faut avoir
de l'expérience pour savoir ce qu'il faut croire et ce qu'il faut
faire. De fait, le souverain ne dispose pas de connaissances sûres
et certaines, le politique navigue dans le probable et la croyance.
Seule l'expérience permet de se diriger dans le labyrinthe des
événements. De même, les actions du Prince doivent être
réfléchies et conforme aux exigences du moment.
Il doit trouver le juste
équilibre entre « la prudence » et « l'humanité ».
Ce passage est intéressant puisqu'il montre que Machiavel n'est pas
toujours machiavélique. De fait, la prudence nous pousse à prendre
les mesures nécessaires face à une situation mais on ne doit pas
laisser de côté notre humanité. Cette opposition est une
préfiguration de l'opposition entre notre part bestiale et humaine
dans le chapitre 18. Cependant, cette humanité n'est pas
désintéressée car elle sert à éviter d'être intolérable.
Affirmer que la cruauté
est préférable à la clémence va à l'encontre des préconisations
de Cicéron dans le Traité des devoirs, livre 2 chapitre 7 : « Pour
obtenir des concours durables dans la conduite de ses affaires, il
n'est pas de moyen plus sûr que de se faire aimer, il n'en est pas
qui le soit moins que d'inspirer de la crainte. Ennius l'a très bien
dit : « La crainte engendre la haine, on veut la mort de celui qu'on
hait.» Or il n'est puissance qui puisse résister à la haine
générale, l'événement récent l'a fait connaître à supposer
qu'on l'ignorât. Et ce n'est pas seulement la fin de ce tyran, à
qui la force des armes soumit la cité, et, après qu'il fut mort, la
contraignit plus que jamais à obéir, qui montre à quel point la
haine des hommes est redoutable, c'est aussi le destin semblable
auquel presque aucun des autres tyrans n'échappe. Que ceux qui
doivent à la force le pouvoir qu'ils exercent sur une population
opprimée usent, pour se maintenir, des moyens cruels qu'emploient
les maîtres avec leurs esclaves, ils ne peuvent guère faire
autrement; mais fonder, dans une cité libre, sa grandeur sur la
crainte qu'on inspire, rien n'est plus insensé. Quelque ombre que la
domination d'un homme ait répandue sur les lois, si craintif que
soit devenu le sentiment de la liberté, le silence à l'occasion,
une désignation dans un scrutin secret en attesteront clairement la
persistance. Réduisez à de rares manifestations une liberté
autrefois entière, l'esprit de résistance en deviendra plus acerbe.
Attachons-nous donc aux moyens dont l'action a le plus d'étendue et
qui valent le mieux, non seulement pour assurer notre salut, mais
pour accroître nos ressources et notre puissance : ce n'est pas de
la crainte que nous chercherons à inspirer mais de l'amour. Si vous
voulez être craint, nécessairement vous aussi redouterez ceux qui
vous craignent. Que penser de Denys l'Ancien, torturé par la peur,
qui, redoutant les ciseaux du barbier, se brûlait lui-même le poil
avec un charbon ardent? Imagine-t-on ce que pouvait être l'état
d'âme d'un Alexandre de Phères? Bien qu'aimant fort sa femme Thébé,
racontent les historiens, quand, après le festin, il se rendait dans
sa chambre à coucher, il faisait marcher devant lui, glaive nu, un
soldat de race barbare, tatoué à la manière des Thraces, et
explorer par quelques mercenaires les coffres et les vêtements de
cette femme, de peur qu'une arme y fût cachée. L'infortuné se
fiait plus à un barbare tatoué qu'à son épouse! Il ne se trompait
d'ailleurs pas, car elle le tua sur un soupçon d'infidélité. Il
n'est pouvoir, si grand qu'on le suppose, qui puisse durer quand il
repose sur la crainte et l'oppression. Témoin Phalaris dont la
cruauté n'a pas de rivale : il n'a pas péri dans un guet-apens
comme cet Alexandre dont je viens de parler, il n'a pas été la
victime de quelques conspirateurs comme il est arrivé chez nous à
qui tu sais, toute la population d'Agrigente s'est soulevée d'un
même élan contre lui. Mais quoi ? Les Macédoniens n'ont-ils pas
déserté en masse le camp de Démétrius pour passer dans celui de
Pyrrhus ? Les Lacédémoniens, dont la domination était injuste,
n'ont-ils pas été abandonnés par presque tous leurs alliés qui
ont assisté, inactifs, à la bataille perdue de Leuctres? ».
Dès lors, si
,comme l'affirme Cicéron, la cruauté doit être évitée
puisqu'elle mène à la crainte et donc à la haine et à la
révolution, alors la cruauté ne serait pas préférable à la
clémence. C'est la raison pour laquelle Machiavel examine à nouveau
frais,dans le paragraphe suivant, la question de Cicéron relative à
l'amour et à la crainte : « s'il vaut mieux être aimé
que craint, ou craint qu'aimé ? ».
Paragraphe
5: thèse : il est plus sûr d'être
craint que d'être aimé.
Argument
anthropologique : les hommes sont guidés par leurs passions et
leurs intérêts, ainsi ils soutiennent le souverain tant qu'il leur
permet d'assouvir leurs désirs mais un tel soutien est fragile
puisqu'il disparaît quand le vent tourne. Par conséquent, l'intérêt
est nécessaire mais pas suffisant pour garder la fidélité des
hommes.
Argument
psychologique : vouloir se faire aimer créé une relation de
dépendance et de soumission qui ne suscite pas le respect. Dès
lors, l'amour du peuple est inconstant et faible comparé à
l'intérêt personnel.
Par
conséquent, la crainte est préférable à l'amour puisqu'elle est
constante tant qu'on a un moyen de pression.
Paragraphe
6 : Machiavel rejoint Cicéron sur le
fait que la haine du peuple est dangereuse puisqu'elle mène à la
perte du pouvoir. Cependant, contrairement à ce dernier, il ne relie
pas nécessairement la crainte et la haine. A quelles conditions la
crainte peut-elle entraîner la haine ?
2 conditions :
attenter « soit aux biens de ses sujets soit à l'honneur de
leurs femmes ». Il est intéressant de noter que le meurtre est
possible à condition d'être justifié. Par contre, prendre les
terres ou les femmes du peuple suscite la haine puisqu'une telle
action peut toucher n'importe qui. La crainte de la dépossession
suscite la haine et donc la révolte, il faut donc l'éviter.
Paragraphe
7 : Ce principe général est encore
plus vrai dans le domaine de la guerre. Machiavel appuie son
raisonnement sur les deux exemples historiques d'Annibal et de
Scipion. Plusieurs obstacles empêchaient l'unité de l'armée
d'Annibal : elle était nombreuse, composée d'hommes de
nationalité différente, ils se battaient dans des pays étrangers
et ils ne gagnaient pas toujours. Comment expliquer leur unité ?
Deux éléments : le principal étant sa cruauté suscitant la
terreur et le second ses compétences permettant la fascination. On
ne peut donc pas admirer les qualités militaires d'Annibal tout en
déplorant son manque de moralité puisque c'est la cruauté qui a
permis l'ordre admirable de son armée. Le deuxième exemple concerne
Scipion qui avait de nombreuses qualités mais qui manque de fermeté
et de cruauté. Les conséquence d'un tel manque sont désastreuses
puisqu'elles suscitent des dissensions.
4/ Le
chapitre 18 : comment les princes doivent tenir leur parole.
Thèse :
Il ne faut pas tenir ses promesses quand elles vont contre notre
intérêt. La trahison, le mensonge et la ruse sont souvent des
nécessités.
Encore une
fois Machiavel s'oppose clairement aux thèses de Cicéron dans le
traité des devoirs (livre 1,13) :« Si, en raison de
circonstances particulières, quelqu'un a fait à l'ennemi une
promesse, il doit la tenir loyalement : c'est ainsi que, dans la
première guerre punique, Régulus, prisonnier des Carthaginois,
envoyé à Rome pour traiter de l'échange des captifs, émit d'abord
au sénat l'avis qu'il ne fallait pas consentir à l'échange, puis,
malgré ses proches et ses amis qui voulaient le retenir, aima mieux
retourner à Carthage pour y subir un supplice que manquer à la foi
jurée à l'ennemi. {Dans la deuxième guerre punique, après la
bataille de Cannes, Hannibal envoya à Rome pour traiter du rachat
des captifs dix prisonniers qui avaient prêté serment de revenir
s'ils échouaient et les censeurs les retinrent tous en prison leur
vie entière, sans excepter celui d'entre eux qui avait usé d'un
moyen malhonnête pour se délier de son serment : sorti du camp avec
la permission d'Hannibal, il y était rentré un instant après,
disant qu'il avait oublié quelque chose. En étant ressorti ensuite
il pensait n'être plus tenu par son serment; au sens littéral il ne
l'était plus, en réalité il l'était encore, car c'est la
signification, non les mots d'une formule qu'il faut toujours avoir
dans l'esprit. Nos ancêtres ont donné un très bel exemple de
justice envers l'ennemi quand un transfuge de l'armée de Pyrrhus
promit au sénat qu'il donnerait du poison au roi et le ferait périr.
Le sénat et C. Fabricius envoyèrent le transfuge à Pyrrhus : ils
se refusaient à sanctionner un attentat criminel contre la vie d'un
roi puissant qui leur faisait la guerre.} Mais en voilà assez sur la
morale de la guerre. Nous rappellerons maintenant qu'il faut être
juste même envers les plus petits. La condition et le destin des
esclaves sont ce qu'il y a de plus bas et l'on prescrit avec raison
au maître d'en user avec eux comme avec des artisans qu'il aurait à
ses gages : c'est-à-dire exiger du travail, le rétribuer justement.
Puisque d'ailleurs il y a deux façons de commettre une action
injuste, la force et la ruse, et qu'on peut être lion ou renard,
ajoutons que ces deux façons sont l'une et l'autre très contraires
à la nature humaine mais que l'action frauduleuse est la plus
haïssable. De toutes les formes de l'injustice il n'en est pas de
plus grave que celle qui permet à certains hommes d'avoir l'air
d'agir honnêtement au moment même où ils sont le plus trompeurs.
Voilà pour la justice. »
Paragraphe
1 : L’Histoire montre que la loyauté
est moins efficace que la trahison en politique. Machiavel prend le
contre-pied de Cicéron et se réapproprie en les développant les
images du renard et du lion en montrant que notre part bestiale est
nécessaire en politique.
Paragraphe
2 : La première voie est celle de la
justice et des lois, elle représente notre part humaine. La force et
la ruse sont selon Cicéron « détestables », mais pour
l'auteur du Prince elles sont nécessaires.
Paragraphe
3,4,5 : La force représentée par le
lion et la ruse par le renard sont deux conditions nécessaires à
l'exercice du pouvoir. Il faudra donc maîtriser cette double nature
animale : la force permet de détruire et de dissuader ses
adversaires, et être rusé permet à la fois de tendre des pièges
et d'éviter de tomber dedans. N'être que renard ou que lion est
donc insuffisant.
Paragraphe 6 :
objection possible : si le peuple voit la ruse du souverain ne
va t-il pas se révolter ?
Machiavel résout cette
objection par la distinction entre l'être et le paraître :
« Ainsi donc, pour en revenir aux bonnes qualités énoncées
ci-dessus, il n'est pas bien nécessaire qu'un prince les possède
toutes, mais il l'est qu'il paraisse les avoir. J'ose même dire que
s'il les avait effectivement, et s'il les montrait toujours dans sa
conduite, elles pourraient lui nuire, au lieu qu'il lui est toujours
utile d'en avoir l'apparence. Il lui est toujours bon, par exemple,
de paraître clément, fidèle, humain, religieux, sincère; il l'est
même d'être tout cela en réalité: mais il faut en même temps
qu'il soit assez maître de lui pour pouvoir et savoir au besoin
montrer les qualités opposées. »
Machiavel énumère 5
qualités morales : être clément, fidèle, humain, religieux
et sincère. Il est utile de paraître avoir toutes ces qualités,
on peut même les avoir, mais « il faut en même temps
qu'il soit assez maître de lui pour pouvoir et savoir au besoin
montrer les qualités opposées ». Ici la formule de Machiavel
est originale puisque la maîtrise de soi est reliée
traditionnellement à la vertu : il faut maîtriser ses mauvais
penchants par notre raison pour faire le bien. Dans le texte, il faut
au contraire maîtriser notre volonté de faire le bien pour être
capable de faire le mal. Le mal est un art qui n'est pas accessible à
tous : il faut pouvoir et savoir le faire. Il faut savoir qui
attaquer et comment le faire et il faut ensuite avoir la force de
prendre de telle décision.
Paragraphe 7 :
« il faut que tant qu'il le peut il ne s'écarte pas de la voie
du bien, mais qu'au besoin il sache entrer dans celle du mal. »
Encore une fois, Machiavel n'est pas machiavélique puisqu'il
préconise de suivre la voie du bien tant qu'on le peut. Le mal n'est
pas un plaisir mais une nécessité politique.
Paragraphe 8 :
La politique est une affaire d'apparence car le peuple n'a pas accès
à la réalité du pouvoir. L'opinion publique et la majesté du
pouvoir politique doivent conforter le souverain. Son aura ne vient
pas uniquement de ses qualités intrinsèques mais aussi de sa
fonction. Il faut donc manipuler l'opinion afin de dissimuler notre
nature bestiale.
5/ Le chapitre 25 :
fortuna et virtù
Paragraphe
1 : Opinion générale : Dieu et la fortune
régissent les choses de ce monde.
Conséquence
de cette opinion : fatalisme politique : il est inutile
de vouloir se rendre maître du cours des événements, nous devons
accepter notre destin.
Origine
de cette opinion : les événements imprévisibles (guerres,
révoltes etc..). Machiavel montre qu'une opinion n'est pas forcément
véhiculée par des penseurs ou la propagande, mais elles sont aussi
formées par notre expérience historique.
Problème :
comment Machiavel se situe t-il par rapport à cette opinion ?
Il
affirme qu'il est « assez enclin à la partager ». Cette
adhésion pose problème puisqu'il écrit un traité politique censé
donner des conseils au souverain, or si tout arrive par hasard, alors
un tel traité serait inutile. C'est la raison pour laquelle la
nuance est ici importante : machiavel dit précisément « assez
enclin ». Autrement dit, il n'est pas tout à fait d'accord
avec cette affirmation. Il essaye de tracer un chemin entre deux
extrêmes : le fatalisme et le volontarisme. Si tout n'est pas
en notre pouvoir, cela n'implique pas que rien ne soit en notre
pouvoir. C'est pour tracer cette troisième voie qu'il convoque dans
les paragraphes suivants les concepts de fortune et de vertu.
Paragraphe
2 : « ne pouvant admettre que notre libre arbitre soit
réduit à rien, j'imagine qu'il peut être vrai que la fortune
dispose de la moitié de nos actions, mais qu'elle en laisse à peu
près l'autre moitié en notre pouvoir ». Le rapport entre
notre pouvoir et la fortune est donc de 50/50. Comment Machiavel
établit-il ce ratio ? On peut remarquer les nuances de son
discours : « j'imagine », « il peut être
vrai » « a peu près ». Ces nuances montre qu'il ne
s'agit pas d'une certitude. Machiavel ne démontre pas que la fortune
dispose de la moitié de nos actions. Il s'agit d'une opinion
vraisemblable qui doit guider nos actions. De fait, l'approche ici
n'est pas théorique mais pragmatique. Lorsqu'on est au pouvoir mieux
vaut partir du principe selon lequel tout ne dépend pas de nous afin
d'être prévoyant et sur ses gardes. Mais il ne faut pas non plus
croire que rien ne dépendent de nous sinon on risque d'être
léthargique. Ce 50/50 est donc un principe d'action et non un
principe théorique. D'où l'approche métaphorique de l'image du
fleuve pour désigner la fortune. On ne peut pas maîtriser les crues
du fleuves mais on peut s'y préparer, de même on ne peut jamais
prévoir exactement les guerres, mais on doit s'y préparer :
gouverner c'est prévoir. La fortuna désigne l'ensemble des
événements hasardeux qui jonche la vie du politique et la virtu
c'est la force de résistance et la capacité d'adaptation face à
l'adversité. Machiavel applique cette approche à la situation
politique de l'Italie de l'époque dans le paragraphe suivant.
Paragraphe
3 : comparaison entre l'Italie et les autres grandes
puissances voisines (France, Espagne, Allemagne).
Paragraphe
4 : problème : comment expliquer qu'un souverain peut
avoir du succès ou subir des échecs en conservant pourtant la même
conduite ou le même caractère ? N'est-ce pas une preuve du
caractère contingent de la politique ?
La
victoire ne vient pas uniquement de notre conduite ou de notre
caractère, mais de l'adéquation entre ceux-ci et les événements.
Autrement dit, la réussite est une affaire de tact et d'adaptation.
On peut arriver à notre but par la circonspection ou l'impétuosité,
il faut savoir agir conformément aux exigences de l'époque. Encore
une fois, il n'y a pas de principe absolu chez Machiavel, la
politique n'est pas tant une science qu'un art.
Paragraphe
5 : cette capacité d'adaptation est difficile car nous
sommes tous par nature circonspect ou impétueux. D'où la
distinction entre conduite et caractère : on ne peut avoir deux
caractères différents, cependant on peut dans notre conduite aller
à l'encontre de notre caractère lorsque les circonstances
l'exigent. Cela est d'autant plus difficile que l'on a tendance à
reproduire ce qui a déjà marché, or ce qui a marché hier peut
très bien être la cause de l'échec d'aujourd'hui.
Paragraphes
6,7,8,9 : En s'appuyant encore une fois sur des exemples
historiques, Machiavel montre que l'impétuosité est préférable à
la circonspection.
Transition
Machiavel/Hobbes : Dans le Prince, Machiavel examine
uniquement les moyens d'obtenir et de conserver le pouvoir. Il ne
cherche ni à fonder le pouvoir politique ni à poser la question du
meilleur régime politique possible. Qu'est-ce qui justifie
l'obéissance à une autorité politique ? Jusqu'où doit aller
cette obéissance ? Dans le Léviathan Hobbes fonde la
légitimité de l’État non plus par des arguments théologiques
mais par des arguments rationnels.
IV/
Hobbes, Le Léviathan
Méthode :Afin
de légitimer le pouvoir politique, il forge l'hypothèse de l'état
de nature. Cet état désigne la situation de l'homme sans un pouvoir
commun régissant la vie en société. Il s'agit donc d'imaginer ce
que serait la vie de l'individu sans l'existence de l’État, c'est
à dire sans un ensemble d'institutions exerçant sur un territoire
donné des fonctions d'organisation, d'administration et de
répression. L'état de nature n'est pas un état réel que Hobbes
s'efforcerait de décrire, mais il s'agit d'une déduction théorique
issue de notre réflexion. Pour voir ce que serait l'état de nature
nous devons regarder en nous-même (nosce teipsum, lis en toi-même) :
c'est la compréhension de nos passions qui permettra la connaissance
d'autrui car pour Hobbes les passions sont identiques chez tous les
êtres humains (désir, peur, crainte...) même si les objets de ces
passions ne sont pas similaires (objet désiré ou craint). Ainsi, la
connaissance de soi permet la connaissance du genre humain dans son
ensemble, préalable nécessaire à la science politique. La
politique hobbesienne est donc adossée à une anthropologie, c'est à
dire à une théorie relative à la nature humaine. Cette
anthropologie vient de l'introspection et de l'observation du
comportement des êtres humains. C'est à partir de ces données que
Hobbes va décrire ce que serait l'état de nature. Quelles sont sont
donc les caractéristiques de l'état de nature chez Hobbes ?
A/Léviathan,
I,13 : de la condition du genre humain à l'état de nature :
Thèse :
L'état de nature est un état de guerre de tous contre tous (bellum
omnium contre omnes).
Argumentation :
Hobbes va établir un raisonnement déductif à partir du principe de
l'égalité naturelle de tous les hommes.
1/
Les hommes sont égaux par nature :
Les facultés du
corps: certes, il y a des inégalités
naturelles au niveau de notre force physique, cependant elles ne sont
jamais si grandes qu'un faible ne puisse vaincre un fort par la ruse
ou en s'associant avec d'autres faibles. Si même le plus faible peut
tuer le plus fort, alors nous avons tous le même pouvoir de
violence.
Les facultés de
l'esprit : a/ argument empiriste :
l'intelligence repose sur l'expérience, qui est dans son ensemble la
même pour tous les hommes.
-b/ argument cartésien : personne ne
désire être plus intelligent, alors personne ne croit en manquer.
2/
De l'égalité découle la rivalité :
Cette thèse déduite de la précédente peut sembler
discutable. De fait, n'est-ce pas au contraire les inégalités qui
engendrent l'envie et donc la rivalité dans la poursuite des biens ?
La position de Hobbes va à l'encontre de l'égalité des gardiens
préconisée par Platon. L'auteur de la République montre que
l'envie suscitée par les inégalités engendre le désordre, c'est
donc ce qui justifie le communisme platonicien. Comment Hobbes
justifie t-il sa thèse ? Pourquoi l'égalité engendre t-elle
la rivalité ?
Si nous n'avons pas autant de pouvoir que notre
concurrent, nous n'espérons pas réussir à le battre et donc nous
abandonnons la lutte en acceptant notre infériorité. A contrario,
si nous estimons avoir les mêmes forces que notre adversaire, nous
entrons nécessairement en lutte avec lui. Ainsi, l'égalité
entraîne la rivalité puisqu'elle engendre l'espoir. Or étant donné
que les ressources de l'état de nature sont limitées, nous ne
pouvons assouvir nos désirs que par la lutte. La conséquence d'une
telle nécessité c'est qu'il n'est pas rationnel de travailler dans
l'état de nature puisque nous ne sommes pas assurés de profiter des
fruits de notre travail. Or, seul le travail pourrait augmenter les
ressources disponibles et donc empêcher la lutte entre nous. L'état
de nature est donc un cercle vicieux où l'homme est condamné à
lutter pour survivre.
3/
De la rivalité découle l'anticipation de la violence, donc la
méfiance.
Étant
donné que l'état de nature est régi par la loi du plus fort, il
est donc rationnel d'augmenter sans arrêt notre puissance en
maîtrisant le plus grand nombre de personne. L'attaque est la
meilleure des défenses : tel est le principe préconisé par
Hobbes. Cette agressivité n'est pas issue du péché originel qui a
rendu l'homme mauvais selon la religion chrétienne, mais elle est
une attitude rationnelle. Même si je suis quelqu'un de doux et de
bon, ma raison me révèle que ma survie dépend de ma force et
celle-ci dépend de ma capacité à soumettre les autres hommes.
4/
De la méfiance découle la lutte pour la reconnaissance
Si l'homme est par nature un loup pour l'homme, alors
la sociabilité n'est pas naturelle. La fierté et la volonté de
reconnaissance empêchent le respect mutuel et suscite des conflits
d’ego. C'est la raison pour laquelle l'état de nature est un état
de guerre généralisé. Il ne s'agit pas d'une guerre effective mais
d'une possibilité constante d'agression créant un sentiment
perpétuel d'insécurité. Cette situation vient de la nature humaine
déterminée par la rivalité, la méfiance et la fierté.
Contrairement, à la doctrine du péché originel, Hobbes montre que
l'homme est agressif pour des motifs rationnels et non théologiques.
B/
L'instauration du Léviathan :
C'est la situation invivable de l'état de nature qui
justifie le pacte social. Tous les hommes vont décider de renoncer à
leur pouvoir naturel de violence sauf une personne qui conservera
donc ses droits naturels : Hobbes le nomme le Léviathan en
référence à un monstre biblique (livre de job). Le Léviathan
symbolise la toute puissance de l’État souverain. La
centralisation absolutiste du pouvoir politique est la seule solution
pour éviter la guerre civile inhérente à l'état de nature. Le
pacte social décrit par Hobbes est unilatéral : les
contractant acceptent de se soumettre au souverain pour échapper à
la violence perpétuelle, mais ils renoncent par la même occasion à
toute contestation du pouvoir. L'obéissance doit être totale pour
maintenir la paix, aucun droit de révolte n'est légitime même si
le souverain est injuste. L'approche contractualiste de Hobbes
contraste avec la théorie aristotélicienne de la sociabilité
naturelle de l'homme. L'homme n'entre pas naturellement en société,
cette dernière est artificielle, elle est une institution qui se
fonde en allant à l'encontre de la nature. Comme le montrera Freud,
c'est la répression des pulsions qui permet la civilisation. La vie
en société n'est donc pas un mouvement naturel puisque l'homme est
par nature insociable.
Transition Hobbes/Rousseau : Dans le
contrat social et le second discours,
Rousseau remet en question la vision hobbésienne de l'état de
nature et par là même occasion la doctrine absolutiste du
Léviathan.
IV/
Rousseau et le contrat social.
Première objection : Les hommes décrit
par Hobbes dans l'état de nature sont déjà socialisés. De fait,
pour qu'il y ait rivalité et volonté de reconnaissance, encore
faut-il que l'homme soit déjà en société. L'homme de l'état de
nature de Hobbes n'est donc pas mu par des instincts naturels mais
par des passions sociales (orgueil, jalousie, envie).
Problème : comment décrire l'homme
naturel ? Étant donné qu'il n'existe plus puisque même les
peuples les plus sauvages vivent déjà en société, on ne peut que
l'imaginer.
Méthode de Rousseau : Il faut retirer par
la pensée tout ce qui appartient à la culture pour parvenir à
décrire l'homme purement naturel.
Description : L'homme des origines est
guidé par deux instincts : l'amour de soi et la pitié. Le
premier les pousse à se conserver soi-même et le second borne
naturellement la violence puisque nous avons tendance à ressentir la
douleur d'autrui. C'est donc un être solitaire qui vit en
auto-suffisance presque comme un animal. Si la sociabilité n'est pas
naturelle comment alors expliquer l'existence de la vie sociale.
Rousseau fait l'hypothèse probable et non vérifiable que des
circonstances hasardeuses (catastrophes naturelles) ont rendu
nécessaire le lien social. Il distingue alors deux états de
nature : un état de nature originaire et un état de nature
second. Dans le premier, l'homme est un être solitaire guidé par
l'amour de soi et la pitié ; dans le second, l'homme vit en
société sans l'existence d'un État. C'est dans ce deuxième état
de nature que les passions sociales comme la vanité, le mépris et
la jalousie vont naître des inégalités naturelles entre les hommes
et vont susciter des conflits menant à la situation invivable
décrite par Hobbes. Il faut donc distinguer le sentiment naturel de
l'amour de soi et la passion sociale de l'amour propre.
Deuxième objection : Le pacte social de
Hobbes est unilatéral, autrement dit le souverain ne passe pas un
contrat avec ses sujets et donc il n'est tenu par aucun engagement.
Le léviathan étant le seul à ne pas conclure le pacte, il conserve
ainsi la liberté absolue de l'état de nature. Chez Rousseau, le
contrat social est bilatéral : il engage donc les deux partis.
Le souverain n'est pas au dessus des lois, il est chargé de leur
juste application. Il doit non pas réaliser sa volonté particulière
mais la volonté générale du peuple. Il faut préciser que la
volonté générale n'est pas la somme de toutes les volontés
particulières car une telle synthèse est impossible en raison de la
contradiction de nos intérêts. Le souverain doit donc viser
l'intérêt général en dépassant les passions et en suivant sa
raison. S'il ne respecte pas cet engagement il est légitime de
contester le pouvoir en place ou même de le révoquer. Une telle
possibilité est interdite par Hobbes puisque le souverain est au
dessus des lois car il les fonde. C'est le caractère absolu du
pouvoir qui est la condition de la paix civile. Même si le pouvoir
est injuste et partial, il est préférable à l'absence totale de
pouvoir tel qu'on peut le constater lors des guerres civiles. Or, la
liberté politique est dangereuse puisqu'elle peut mener à de telles
conséquences. Rousseau objecte sarcastiquement que l'on vit
également heureux et en paix dans les cachots. Dès lors, il est
irrationnel de se soumettre à quelqu'un qui nous oppressera comme
dans l'état de nature. La sécurité ne justifie donc pas la
suppression de notre liberté et c'est au contraire en protégeant et
en garantissant notre liberté que l'on pourra vivre en paix.
Rousseau rejoint en partie Platon dans le sens où c'est l'éducation
du peuple et la vertu des dirigeants qui permettra le bon
fonctionnement de l’État et de la société.
Transition Rousseau/Montesquieu : pourtant
n'est-il pas utopique de compter uniquement sur la vertu pour éviter
les dérives despotiques du pouvoir, comment concilier les
aspirations idéalistes de liberté et d'égalité avec la nature
mauvaise et intéressée de l'homme ? C'est un tel défi
qu'essaye de relever Montesquieu dans L'esprit des lois.
V/ Montesquieu, de l'esprit des lois
L'approche de Montesquieu, comme celle de Machiavel,
n'est pas idéaliste mais réaliste puisqu'il n'essaye pas de
transformer l'homme mais part du principe selon lequel il est égoïste
et intéressé. Il faudra donc contraindre les hommes au pouvoir à
servir les intérêts du peuple par des mesures institutionnelles :
d'où la nécessité de faire converger l'intérêt privé du
souverain avec celui du peuple. Tel est le principe fondant la
séparation des pouvoirs. Si un seul homme possède tous les
pouvoirs, il sera tenté d'en abuser et il ira contre l'intérêt de
tous. Dès lors, il convient d’attribuer le pouvoir exécutif,
législatif et judiciaire à des personnes ou à des corps de
magistrat différents. C'est le pouvoir qui arrête le pouvoir et non
la vertu du souverain. Par exemple, dans un système démocratique
c'est la tenue d'élections régulières et le multipartisme qui
permet le contrôle du pouvoir par le peuple. Le souverain n'est pas
naturellement vertueux, il est obligé de l'être pour conserver le
pouvoir, s'il en abuse les citoyens ne vont pas renouveler son
mandat. De même, les hommes politiques ne sont pas naturellement
justes, mais ils sont obligés de l'être parce qu'ils sont
surveillés par les partis adverses, au moindre faux pas, à la
moindre injustice, ils seront dénoncer par les autres hommes
politiques. Cette dénonciation des injustices, encore une fois, ne
s'effectue par en raison de la vertu et du sens inné de la justice
mais à cause de l'intérêt personnel : si mon adversaire est
victime d'un scandale alors je peux en profiter pour obtenir le
pouvoir. L'intérêt de l'approche institutionnelle de Montesquieu
réside donc dans sa capacité à utiliser les vices des hommes au
pouvoir pour les contraindre à servir l'intérêt général.
Cependant, on peut relever au moins deux limites dans
ce système : tout d'abord, la question de la vertu ne peut être
éliminée de manière aussi cavalière puisque pour commettre des
injustices on peut toujours contourner les institutions. Il peut y
avoir par exemple des accords et des ententes entre les membres des
différents pouvoirs. Dans ce cas de figure la séparation des
pouvoirs devient donc illusoire. La deuxième limite réside dans le
principe démocratique lui-même : si le peuple a le pouvoir, ne
risque t-on pas de sombrer dans la tyrannie de l'incompétence ?
Ce problème avait déjà été soulevé par la République de
Platon. Le meilleur pilote n'est pas le plus fort ou le plus
populaire mais le plus compétent, il faut dès lors donner le
pouvoir à celui qui sait mener les hommes et non à celui qui est le
plus populaire. Montesquieu contourne cette difficulté par la
distinction entre la démocratie directe telle qu'elle était exercée
chez les grecs de l'antiquité et la démocratie représentative
moderne. Contrairement à Rousseau qui était partisan de la première
il défend la seconde pour des raisons démographiques et
pragmatiques. L’État moderne, en effet, ne saurait être comparé
aux cités antiques à cause du nombre important d'habitants. S'il
fallait consulter tout le monde alors les décisions seraient trop
lentes et il n'y aurait aucune cohérence dans le temps. De plus, si
le peuple peut avoir la compétence nécessaire au choix de bons
représentants, en revanche il ne peuvent détenir les compétences
particulières permettant de traiter les affaires du pouvoir. Il est
donc préférable de s'en remettre aux personnes compétentes. Le
peuple conserve,de toute façon, toujours le pouvoir de changer de
souverain aux prochaines élections.
Transition : nous avons vu avec Hobbes,
Rousseau et Montesquieu, la question du pouvoir souverain et les
limites qu'on doit lui assigner pour éviter les dérives et les
abus. Même si le souverain, comme l'a montré magistralement
Machiavel, doit souvent prendre des décisions allant contre la
morale ou le droit pour le bien de tous, en revanche il doit aussi
être le garant du respect des lois. Bien que la raison d’État
reste une mesure exceptionnelle, elle ne remet pas en question le
fait que la règle doit être la soumission de tous à la loi. Cette
isonomie, c'est-à-dire cette égalité devant la loi est la
condition du sentiment de sûreté (que Montesquieu appelle la
liberté politique) car elle me garantit que je ne serai pas soumis à
la volonté arbitraire du souverain. Ce système préserve donc la
stabilité et la tranquillité de la société. Mais si on adopte la
doctrine du libéralisme politique, il faudra alors renoncer à
définir et à imposer un bien commun à l'ensemble de la population.
Or, quelle doit être la mission première de l’État : est-ce
de nous rendre heureux ou de protéger nos droits
fondamentaux ?L’État doit-il assurer notre bonheur ou
notre liberté ?
I/ Le totalitarisme
Si on examine les États théocratiques ou communistes,
on peut remarquer qu'ils se fondent tous sur une idée du Bien et
essayent de la diffuser dans l'ensemble de la société. Un État
chrétien organisera son système de lois en fonction de la Bible et
régira l'ensemble de la vie sociale, de même qu'un État communiste
diffusera ses idées à travers le système éducatif et juridique.
Le but d'une telle approche est donc de parvenir au bonheur de
l'individu et de la société en les transformant conformément à un
idéal du Bien. Bien que cet idéalisme politique soit louable, il
n'empêche qu'il peut mener à une double dérive. La première
réside dans l'intolérance suscitée par l'adoption d'un principe
unique et hégémonique. De fait, si l’État a le monopole de la
définition du bien, alors il aura tendance à persécuter les idéaux
différents au nom du bonheur et de la vérité. Une telle réaction
fonde toutes les guerres de religion orchestrées par les États
théocratiques. Il s'agit bien de supprimer toute les visions
divergentes et antagonistes à la nôtre. La deuxième dérive d'un
tel système vient de la nécessité de conformer, de manière
totalitaire, l'ensemble de la société à l'idéal commun. Dès
lors, l’État ne se contente plus d'administrer les affaires
publiques, mais il s’immisce également de manière abusive dans
l'ensemble de la vie privée. L’État s'arroge le droit de
réglementer le rapport entre les individu, la liberté d'expression
ainsi que la pensée même des personnes. Il y a totalitarisme quand
l’État dirige tout dans la société, a un pouvoir sans limites,
contrôle la pensée et son expression, la vie sociale, la vie
économique, et ne reconnaît aucun droit propre aux individus, aux
groupes privés, aux minorités, à rien de ce qui constitue la
société civile. La liberté extérieure est niée par le droit et
la liberté intérieur est détruite par l'idéologie visant la
perpétuation et la toute puissance de la logique du Parti (ref :
1984 d'Orwell). Quelles sont les conditions de possibilité de l’État
totalitaire ? Pourquoi les individu adhèrent-ils en masse à de
tels systèmes ? Telles sont les questions examinées par Hannah
Arendt dans les origines du totalitarisme.
Hannah Arendt, Les origines du totalitarisme
Les totalitarismes (nazi ou stalinien) n'ont pas été
des mouvements minoritaires, menés par une poignée d'hommes qui
auraient manipulé et violenté la foule. Ils ont été soutenus
activement par une majorité de la population. Hitler ou Staline
n'ont pu accéder au pouvoir et s'y maintenir car ils avaient
bénéficié de la confiance des masses. « Il n'est pas
davantage possible d'attribuer leur popularité à la victoire d'une
propagande mensongère et bien orchestrée sur l'ignorance et la
stupidité », car cette propagande indiquait clairement les
orientation révolutionnaires et violentes de ces mouvements
politiques. Ainsi, ces actes ont été délibérément approuvés par
le grand nombre. Comment la majorité de la population peut-elle
parvenir à soutenir un tel extrémisme ?
La société civile se compose de plusieurs solidarités
traditionnelles : la famille, la religion, les groupes
syndicaux, politiques et professionnels. Or, le développement
conjoint du capitalisme et du nihilisme au 19ème siècle a atomisé
la société en propageant l'individualisme. La famille élargie a
disparue pour devenir mononucléaire, la religion est en crise depuis
le progrès fulgurant des sciences et la confrontation avec des
cultures étrangères qui a engendré un relativisme inévitable, le
sentiment de ne pas influencer le développement social engendre
l'abstentionnisme contemporain et le rejet des partis politiques
traditionnels, le travail devient donc l'unique lien social donnant
du sens à l'existence, mais en période de crise le chômage
augmente et détruit le dernier bastion de la société civile. Dès
lors, les classes sociales structurant la société disparaissent
pour laisser place à la « masse ». Ce terme désigne
chez Hannah Arendt la déstructuration de la société au profit d'un
groupe amorphe, sans identité et prêt à rejoindre une idéologie
totalitaire lui donnant enfin un sens et une raison d'être. C'est
l'atomisation de la masse qui rend possible la restructuration par
l'idéologie du parti. L'individu est sacrifié sur l'autel du groupe
tout puissant. Le célèbre anarchiste russe Bakounine ne disait-il
pas : « Je ne veux pas être Moi, je veux être Nous ».
La crise de l'identité individuelle engendre donc une identité
groupale compensatoire. Le terrorisme contemporain illustre bien ces
dérives identitaires et l'avènement d'une nouvelle donne. Est-ce
que la mondialisation libérale n'alimente pas paradoxalement
l'avènement d'une nouvelle idéologie totalitaire ? Nous voyons
bien que les outils forgés par Hannah Arendt sont toujours
d'actualité pour comprendre notre présent puisque le totalitarisme
reste toujours une possibilité. Si nous analysons attentivement le
film Fight club de david Fincher ou encore La vague de Dennis Gansel,
nous pouvons voir que l'individualisme contemporain accompagné de
l'absence de sens concernant notre existence mène à la nostalgie de
la communauté et d'un idéal de vie transcendant. C'est la raison
pour laquelle nous ne sommes pas à l’abri d'un nouveau
totalitarisme. Comment empêcher un tel avènement ? Quels sont
les arguments du libéralisme ?
II/ Le libéralisme
Il y a libéralisme quand la souveraineté de l’État
est limitée, c'est-à-dire quand l’État reconnaît et accepte le
principe selon lequel son pouvoir exécutif et législatif
n’empiétera pas sur certaines libertés fondamentales comme la
liberté religieuse, la la liberté de penser, la liberté de la
presse, de propriété, de créer des entreprises et de passer des
contrats. Dès lors, le libéralisme renonce à l'idée d'un bien
unique et de sa réalisation concrète dans la société. L’État
libéral ne cherche pas le bonheur puisqu'il risquerait de devenir
totalitaire, étant donné que nous tous une vision différente du
bonheur et du Bien. Ainsi, l’État doit assurer plus modestement la
coexistence des différentes formes de bonheur et de croyance grâce
à la garantie des droits fondamentaux des individus. Tel est le
fondement de la liberté politique : nous avons le droit de
faire tout ce qui n'est pas interdit par les lois et donc notre
liberté s'arrête là où commence celle des autres. On a par
exemple le droit de pratiquer notre religion à condition de ne pas
remettre en question les lois communes et de tolérer les religions
différentes de la nôtre. Nous pouvons nous exprimer librement à
condition de ne pas porter atteinte ou remettre en question la
dignité et le respect exigible vis vis de toutes les personnes
différentes de nous.C'est donc le droit qui doit constituer le socle
commun de la vie publique et rendre effectif dans la mesure du
possible la liberté de tous. Comment savoir quels sont les critères
d'une société juste ? Peut-on éviter notre subjectivité dans
le choix de tels critères ?
John Rawls, Théorie de la justice
Rawls s'inscrit dans la tradition contractualiste,
ainsi il désire déterminer les principes justes de manière
rationnelle sans s'appuyer sur une tradition historique particulière.
Afin de garantir l'universalité des principes de justice, il va
imaginer la fiction de la position originaire (précédant
l'instauration du contrat) où les contractants ne savent pas leur
position sociale, leur état de santé et physique ou leur religion.
Ce voile d'ignorance permet d'éviter de choisir les principes en
fonction de notre intérêt particulier. De fait, si je suis riche je
serai pour la diminution des aides sociales prélevées sur mes
revenus et si je suis pauvre je serai pour une augmentation
conséquente de ce genre d'aide. De même, si je suis en bonne santé,
je serai pour la diminution des cotisations d'assurance maladie et si
je suis malade je serai pour une couverture maladie à 100%. Si je ne
connais ni mon état de santé ni ma situation sociale qu'elle serait
alors les principes rationnels de justice ?
Rawls s'appuie sur la théorie des jeux et notamment le
principe du maximum consistant à maximiser le gain minimum. La
possibilité de la pauvreté me pousse rationnellement à choisir une
situation politique où on aide les plus défavorisés socialement ou
par nature. Le voile d'ignorance permet de dégager les deux
principes de justice suivant :
1/ Premier principe : chaque personne doit
avoir un droit égal au système total le plus étendu de libertés
égales pour tous, compatible avec un même système pour tous. « Les
libertés de base des citoyens sont ,en gros, la liberté politique
(droit de vote et d'occuper un poste public), la liberté
d'expression, de réunion, la liberté de pensée et de conscience ;
la liberté de la personne qui comporte la protection à l'égard de
l'oppression psychologique et l'agression physique (intégrité de la
personne) ; le droit de propriété personnelle ; et la
protection à l'égard de l'arrestation et de l'emprisonnement
arbitraires, tels qu'ils sont définis par le concept de règne du
droit (rule of law). Il est requis par le premier principe que ces
libertés soient égales, puisque les citoyens d'une société juste
doivent avoir les même droit de base ».
2/ Deuxième principe : les inégalités
économiques doivent être telles qu'elles soient au plus grand
bénéfice des plus désavantagés, dans la limite d'un juste
principe d'épargne, et attachées à des fonctions et à des
positions ouvertes à tous, conformément au principe de juste
égalité des chances.
Ce principe « s'applique à la répartition des
revenus et des richesses et à la construction des organisations qui
utilisent des différences d'autorité et de responsabilité. Si la
répartition de la richesse et des revenus n'a pas besoin d'être
égale, elle doit être à l'avantage de chacun et, en même temps,
les positions d'autorité et de responsabilité doivent être
accessibles à tous. » Le principe de différence repose sur le
principe que l'économie n'est pas un jeu à somme nulle où les plus
riches volent les richesses des plus pauvres (ref : Marx), mais
constitue un jeu coopératif qui améliore le produit global.
Autrement dit, le succès des plus riches contribue à l'amélioration
du niveau de vie des plus pauvres. La preuve réside dans la
différence entre les économies planifiées et l'économie de marché
du système libéral. Il faut donc accepter les inégalités
économiques à condition qu'elles améliorent le sort des plus
pauvres.
L'ordre lexical de ces deux principes : Que
le premier principe soit « lexicalement » antérieur au
second signifie qu'aucune amélioration des revenus conformément au
second principe ne pourra être obtenue au prix d'une réduction du
bien primaire qu'est la liberté garanti par le premier principe. Ces
principes s'oppose à la tradition anglo- saxonne de l'utilitarisme
pour qui la maximisation du bien-être de tous doit être la finalité
de l'action politique. Le problème d'une telle approche c'est
qu'elle légitime le sacrifice de quelques uns pour le bonheur de
tous, or un tel sacrifice ne saurait être juste. Dans la théorie de
la justice comme équité de Rawls « le concept du juste est
antérieur à celui du bien ».
Transition Rawls/ justice :
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RépondreSupprimerBonjour Monsieur,
RépondreSupprimerJe voulais simplement savoir si tout ce contenu ne concernait que la politique ou si il y'avait d'autres chapitres inclus
Ce contenu concerne la philosophie politique. Il faudra donc tout lire, tout comprendre et bien sûr poser des questions si vous ne comprenez pas.
SupprimerBonjour Monsieur,
RépondreSupprimerQue signifie hubris?
L'hubris désigne la démesure. Souvenez vous de l'opposition entre démesure et juste mesure dans la tripartition de l'âme chez Platon.
SupprimerBonjour monsieur, je n’ai pas vraiment compris les histoires du prisonnier Carthaginois et du transfuge de l’armée de Pyrrhus, et ce qu’elles démontrent (Machiavel, le Prince chapitre 18, Thèse, Cicéron)
RépondreSupprimerLa question du chapitre 18 est la suivante: faut-il respecter ses promesses et être toujours juste? Machiavel affirme qu'il ne faut pas respecter ses engagements si cela va à l'encontre de nos intérêts. La trahison est donc une nécessité en politique. Cette thèse s'oppose à l'approche de Cicéron. Ce dernier montre qu'il faut respecter ses promesses même avec nos ennemis. Voici le sens des exemples de Cicéron, le prisonnier Catharginois et le transfuge de l'armée de pyrrhus, même si c'est dans notre intérêt d'être injuste et de trahir notre adversaire, il ne faut pas le faire. Le passage le plus important de l'extrait de Cicéron se trouve à la fin avec l'image du lion et du renard qui s'oppose à notre humanité. Ce passage est important puisque machiavel défend l'idée selon laquelle en politique nous devons à la fois être lion et renard, ce qui est contraire à la thèse classique de Cicéron. Le débat entre Cicéron et Machiavel pourrait se formuler de la manière suivante: faut-il toujours être juste?
Supprimermonsieur il faut lire tout le livre?
RépondreSupprimerIl s'agit d'un commentaire des chapitres 15,16,17,18 et 25 du prince de machiavel. Vous ne devez donc lire que ces chapitres. Ensuite, libre à vous de lire le reste, je ne m'opposerai pas à vos pulsions de lecture...
SupprimerBonjour, pour répondre à la 1ère question posée, est-il nécessaire d'utiliser l'entièreté du cours ou la présentation des 2 points de vue et raisonnements sur la politique du début de cours peut suffire à avoir une réponse complète ?
RépondreSupprimerPour la première question, il faudra lire platon et machiavel. Donc oui il faudra lire le début du cours. Pour les questions suivantes il faudra lire la suite. On procède petit à petit.La semaine prochaine on étudiera Hobbes et Rousseau.
SupprimerPour quelle date doit-on rendre l'explication de textes des chapitres 15,16,17,18 et 25 de Machiavel monsieur?
RépondreSupprimerL'explication de ces chapitres se trouve dans mon cours sur Machiavel. Votre travail à vous c'est juste d'apprendre le cours pour le test de connaissance à la rentrée et si vous avez des questions sur le sens du texte, il faut me les poser.
SupprimerLe test ne portera que sur les questions que tu nous poses en tant que devoirs ou il pourra y avoir d'autres questions?
RépondreSupprimerJe vous donnerai clairement les questions qu'il y aura le jour du test. Pas de questions surprises.
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RépondreSupprimerpourquoi Platon choisie-t-il la forme du dialogue alors que les autres auteurs comme Machiavel l'essai ?
RépondreSupprimerPlaton écrit au 5ème siècle avant JC et Machiavel au 16ème siècle. La forme dialogique chez Platon est liée à sa volonté de perpétuer la mémoire de Socrate qui passait son temps à dialoguer avec les Athéniens.
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